C’est la tendance aux Etats-Unis. Les éditeurs de logiciels les plus sérieux transforment des applications, jusqu’ici parfaitement ennuyeuses, en jeu. Objectif : conserver l’attention des utilisateurs et améliorer la productivité des salariés.

Cet article est un large extrait de celui publié par Alain Clapaud sur pro.clubic.com, dont vous pouvez lire l’intégrale en cliquant sur le lien ci-après: Lire tout l’article >

Placez un jeune salarié devant l’interface utilisateur de SAP R3 ou d’un progiciel métier développé au début des années 2000. Un baby boomer de la génération X, un employé plus jeune, de la génération Y ou un « Millennial » auront des réactions différentes face à l’austérité de ce type de programme.
Ce spectre de l’obsolescence des outils informatique fait peur aux DRH notamment, conscients du risque de voir les meilleurs profils bouder leur entreprise au profit de start-up et entreprises plus jeunes, dont le mode de fonctionnement correspond mieux à l’état d’esprit de ces nouvelles générations.

Outre la mise à disposition d’interfaces rajeunies à coups de Modern UI ou de Material Design, de versions mobiles sur tablette et smartphone, les éditeurs repensent leurs applications afin que le travail soit moins pénible, grâce à des ergonomies moins ésotériques. Ils vont aussi rendre les processus plus attractifs pour les employés en transformant les tâches à réaliser en jeu.

Incent Games
L’approche, baptisée « gamification », qui était jusqu’ici utilisée dans la formation ou dans le marketing, sous la forme de serious games, arrive maintenant dans les progiciels comme le CRM (de gestion de la relation client), les ERP (progiciel de gestion intégré de projets et de ressources). Motivation des commerciaux, accroissement de la collaboration entre les employés, entretien de l’esprit de compétition des commerciaux et des managers, c’est une nouvelle génération d’applications d’entreprise qui apparaît.

La formation, premier champ d’expérience de la gamification

C’est dans les domaines de la formation et du e-learning que la gamification (ou ludification) a gagné ses lettres de noblesse. La voie a été montrée par les militaires qui ont été les premiers à utiliser des simulateurs de vol pour former et entraîner leurs pilotes. La puissance des PC en constante progression, de nombreuses autres activités ont pu bénéficier de la simulation 3D pour former et entraîner des professionnels. Conduite de véhicules en tous genres, formations à la maintenance d’équipements industriels, aux procédures de sécurité en cas de catastrophe, la simulation 3D a été utilisée dans bon nombre de secteurs dans le cadre de ce que l’on appelle les « serious games ».

Aujourd’hui, énormément de processus peuvent être appris de manière ludique. « L’intérêt de la gamification porte surtout sur des formations qui portent sur des processus très lourds » explique Guillaume Ruzzu, chargé de marketing et communication de Serious Factory, un des spécialistes français du domaine. « Les formations traditionnelles avec des Powerpoint interminables, un formateur qui est le seul à parler, on assiste à une perte d’attention rapide des apprenants. Énormément d’études ont montré les avantages apportés par le jeu dans ce but. La gamification de ces contenus permet de les dynamiser, d’impliquer les apprenants, de rendre les formations plus efficaces. »

Pulse
Avec un budget de 10 millions de dollars, Pulse! de BreakAway Games, est le serious game le plus cher de l’histoire.
Le spécialiste évoque une règle qui vaut en médecine « Jamais la première fois sur le patient », et ce n’est pas un hasard si Pulse! de BreakAway Games est actuellement le serious game le plus cher jamais créé (10 millions de dollars). Il s’agit d’un simulateur d’hôpital au réalisme fascinant. Grâce à ce jeu vidéo, les médecins peuvent s’entrainer sur des procédures complexes de manière virtuelle, avant de s’attaquer au patient lui-même.

« Ce serious game a vraiment été précurseur dans le domaine. L’intérêt, c’est notamment de créer des scénarios concernant des maladies que l’on ne rencontre pas souvent. Le médecin réalise son diagnostic en posant ses questions au patient, en réalisant des examens complémentaires. Il choisit en conséquence le traitement. » Dans le même ordre d’idées, Serious Factory a conçu l’application 3D Sca Life, un outil de simulation destiné à aider les médecins à diagnostiquer le syndrome coronarien aigu.

RenaultTrucks ECOFUEL
Enseigner l’écoconduite aux chauffeurs de poids lourds, c’est l’objectif de cette application Renault Trucks.
Le secteur médical n’est pas le seul à se montrer friand de simulations « façon RPG ». L’industrie, le bâtiment, les secteurs de l’énergie produisent de telles simulations pour former leur personnel aux processindustriels, ainsi qu’aux consignes de sécurité.

Serious Factory est intervenu par exemple pour un laboratoire pharmaceutique qui avait un problème avec le faible taux d’utilisation d’une de ses applications internes. « L’interface était obsolète et peu efficace alors que c’est une application très importante pour l’entreprise » explique Guillaume Ruzzu. « Ils ont fait appel à nous pour rendre l’application plus attrayante. Avec la 3D, nous avons rendu l’application en question plus attractive, et simple à utiliser. C’est une démarche de plus en plus fréquente car les entreprises recherchent des applications plus attractives pour accroitre leur utilisation par les salariés. » Cette démarche de modernisation, les éditeurs de solutions professionnelles sont toujours plus nombreux à y songer.